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RCH : LES CAUSES POSSIBLES - Partie 2

Dernière mise à jour : 1 avr. 2023



La RCH (recto-colite hémorragique ou colite ulcéreuse), comme nous l'avons vu dans le précédent article (partie 1) est une maladie inflammatoire de l'intestin, un peu moins connue que la maladie de Crohn, et faisant partie des MICI (maladie inflammatoire chronique de l'intestin). Nous allons lister ici les causes multi-factorielles de cette maladie non visible mais qui affecte énormément la vie quotidienne de ceux qui en sont atteints, et notamment en période de poussée inflammatoire (du ressort du corps médical). Elle fait partie de toutes ces pathologies dont souffrent de plus en plus de personnes faisant face en silence dans l'indifférence générale parce qu'elles ne se voient pas de l'extérieur. J'en parle d'autant plus facilement que j'en suis atteinte (en rémission). En tant que naturopathe, je souhaite aider par des moyens naturels ceux qui en souffrent, leur permettre d'améliorer leur état, d'espacer les crises, de restaurer leurs intestins dans le but de les soulager au quotidien et de favoriser une meilleure et durable immunité, et il y a de quoi faire et dire ! Pour l'occasion, afin que tout le monde comprenne de quoi il retourne, voici l'aspect d'une muqueuse intestinale (ici la coloscopie d'un colon atteint de RCH) lors d'une poussée, et ce n'est pas le pire état d'une muqueuse enflammée !

Voilà ce qu'une alimentation industrielle ou tout simplement inadaptée, un environnement pollué, de mauvais stress intenses, répétés, des produits et médicaments de synthèse, une hygiène trop poussée, etc, sans oublier l'aspect psychosomatique, peuvent induire comme dégât au bout d'un certain temps plus ou moins long et selon la prédisposition et le vécu de chacun. Il existe 4 atteintes possibles de RCH, variable en fonction de son évolution et des individus :

1/ La rectite (atteinte du rectum),

2/ La recto-sigmoïdite (atteinte du rectum et du sigmoïde),

3/ La rectocolite gauche (atteinte du rectum jusqu’à l’angle colique gauche),

4/ La pancolite (atteinte du rectum à la totalité du côlon).

L’atteinte inflammatoire du rectum et/ou du colon est continue, sans intervalle de muqueuse saine (à la différence de la maladie de Crohn). Elle donne essentiellement lieu à des ulcérations (la paroi devient rouge, fragile, ulcérée avec hémorragies, saignant au moindre contact) et plus rarement, en cas de très forte inflammation, mène à un risque de péritonite par perforation du côlon, si ce dernier est paralysé par une poussée inflammatoire intense.


LES CAUSES PRINCIPALES POSSIBLES :


1/ Facteurs génétiques :


Selon le Pr Franck Carbonnel, gastro-entérologue à l’Hôpital Bicêtre (1) : « (...) la prédisposition génétique est importante, mais les MICI ne sont pas des maladies génétiques comme peuvent l’être les myopathies ou la mucoviscidose. Là, c’est une mosaïque de gènes - on en est à plus de 200 aujourd’hui - qui est en cause. Pris individuellement, ils n’augmentent que très faiblement le risque d’avoir la maladie de Crohn ou une rectocolite hémorragique. De plus, ils interagissent avec l’environnement et vont modifier la réponse immunitaire ou la composition bactérienne de l’intestin (...). Car, il est très important ici de souligner l’importance capitale de la flore intestinale, car celle-ci est liée à notre patrimoine génétique. Une étude a démontré qu’il existe des interactions entre le microbiote intestinal, le fond génétique de l’individu et le régime alimentaire dans l’apparition du syndrome métabolique (un ensemble de troubles liés à l’obésité et à une prédisposition au diabète). En d’autres termes, dans un grand nombre de maladies les facteurs génétiques bactériens et humains interagissent. Ainsi, certains individus seraient prédisposés dès la naissance, de par la spécificité de leur microbiote, à développer ou pas, si les conditions favorables étaient réunies, une maladie inflammatoire.


Ces « conditions favorables » sont en lien direct avec l’épigénétique, science en plein essor qui révolutionne la biologie et qui valide, du même coup, l’utilité des principes de la naturopathie dont le champ d’action est la prévention avant toute chose.

Concernant la transmission familiale, on constate que si un parent de 1er degré (frère, sœur, père, mère) est atteint de MICI, le risque de développer la maladie sera plus important (risque triplé si les deux parents en souffrent), mais malgré la composante génétique de ces maladies, des études sur des jumeaux ayant une maladie de Crohn ont montré que dans 20 à 62 % des cas l’un des jumeaux ne développe pas la maladie, ce qui confirme que ces pathologies ne sont pas purement génétiques et que d’autres facteurs sont également impliqués dans leur apparition et leur développement (2).


2/ Facteurs environnementaux :

Tabac (à fumer mais pas à priser) (3) : la RCH est moins fréquente chez les fumeurs. Le tabac protège contre la RCH et limite son évolution alors qu’il favorise le développement de la maladie de Crohn et aggrave son évolution (le tabac aurait un effet différent sur l’intestin grêle et le côlon). La RCH survient moins fréquemment chez les fumeurs avec un risque relatif de développer cette affection 2,5 fois moins élevé que chez les sujets n’ayant jamais fumé. Cet effet protecteur tend à être d’autant plus marqué que la quantité de cigarettes consommée est élevée. Une fois déclarée, la RCH est moins sévère chez les fumeurs. L’arrêt de la cigarette aggrave la maladie et sa reprise l’atténue. Enfin, chez les patients qui ont commencé à fumer après le début de la RCH, la fréquence des poussées est diminuée.

La nicotine transdermique est un traitement efficace des poussées de RCH, mais ce traitement n’a pas d’effet préventif sur leur survenue. L’efficacité thérapeutique de la nicotine au cours des poussées de RCH suggère qu’elle est responsable de l’effet bénéfique du tabac dans cette maladie. Au cours de la RCH, il existe une diminution de la production des glycoprotéines du mucus et une augmentation de la perméabilité colique (ce qui confirme l’observation du Dr Seignalet concernant l’absence de cellules à mucus dans la RCH). Le tabac augmente l’épaisseur du mucus et réduit la perméabilité de la muqueuse colique, ce qui pourrait contribuer à protéger les personnes ayant une RCH ou susceptibles de l’avoir. Mais bien que la relation entre le tabac et les MICI soit clairement établie, plusieurs éléments montrent que le tabac serait avant tout un facteur modulant l’inflammation intestinale mais ne peut en aucun cas être un facteur déclenchant (4).


Trop d’hygiène, de confort : le fait de ne pas avoir été exposé suffisamment longtemps aux pathogènes environnementaux pourrait entraver la bonne maturation du système immunitaire qui aurait alors des réponses excessives et inadaptées, ce qui expliquerait la forte proportion des cas de MICI dans les pays industrialisés ou en voie de développement. À force de vivre dans un environnement trop aseptisé, nous ne permettons plus à notre immunité de se confronter à des pathogènes. Elle finit par s’atrophier et dégénérer en quelque sorte. Une diminution de l’exposition aux parasites intestinaux favoriserait donc le développement des MICI. Par exemple, les premières expériences consistant à administrer par voie orale des œufs de ténia de porc (Trichuris suis) se sont révélées encourageantes (ce parasite ne s’attaque qu’au porc) car elles ont révélé une réponse plus adaptée du système immunitaire. Mais des études à plus grande échelle restent encore à mener. De même, le développement de la réfrigération domestique entraînerait un contact plus fréquent avec certaines bactéries se multipliant au froid (11) (des genres Yersinia et Pseudomonas par exemple) qui peuvent provoquer une inflammation chez des sujets à risque. Trop de propreté et d'aseptie peut donc aussi être nocif. En règle générale, tous les excès dans un sens ou dans un autre sont délétères et à proscrire. > A ce propos, je vous laisse d'ailleurs réfléchir à ce que nous sommes en train de vivre et de développer en ces temps troublés (crise du covid 2020) et qui nous impose une isolation extrême avec notre environnement par le port du masque (en permanence pour certains), par la distanciation physique et sociale et l'usage inconsidéré du gel hydro-alcoolique ! L'exact contraire de ce qu'il faudrait faire pour entretenir une immunité en béton. La vie appelle la vie et ce n'est pas en nous isolant qu'on va se protéger. Bien au contraire, nous allons créer une génération d'humains fragilisés. Empêcher la fonction la plus performante du corps humain de s'exercer est un non-sens total. Notre immunité, cette armure naturelle, est ce que nous avons de plus sûr pour nous protéger, notamment de toute attaque virale saisonnière. Il y a davantage de bactéries bienfaisantes que pathogènes, et nous sommes des êtres constitués d'un nombre bien plus important de bactéries que de cellules : nous sommes des êtres bactériens, il faut tout de même le rappeler ! Vouloir nous extraire de notre environnement naturel c'est un peu comme empêcher un oiseau de voler.


Une alimentation ultra-transformée : c’est l’alimentation industrielle par excellence avec ses sucres et ses céréales raffinées, mais aussi ses graisses hydrogénées (transformées dites « gras trans ») qui se retrouvent dans la plupart des produits comme les chips, les pâtisseries, les glaces, les biscuits, les plats tout prêts, la mayonnaise, etc. Ces graisses perturbent les fonctions biochimiques de base de notre organisme et jouent donc forcément un rôle dans l’apparition ou l’aggravation des maladies dégénératives. Même si la majeure partie de la littérature officielle spécifie encore que l’alimentation ne joue aucun rôle dans la survenue des MICI, il y a forcément un lien au niveau digestif et de probables sensibilités alimentaires spécifiques à chaque individu qu’il faudra cerner.



En 2015, des scientifiques ont découvert que les additifs contenus dans la glace, la margarine, la crème liquide, le pain industriel, de nombreux aliments ultra-transformés pouvaient engendrer des maladies intestinales, comme la colite intestinale, la maladie de Crohn ou encore l’obésité. Parmi ces additifs, on peut citer les carraghénanes ou la carboxyméthylcellulose (gomme de cellulose : le E 466) (12) : ces émulsifiants sont jugés responsables d’abîmer l’intestin en perturbant la flore digestive. Et s'il n'y avait que ceux-là ! C'est une liste de molécules de synthèse longue comme le bras que l'industrie agro-alimentaire utilise par tonnes pour s'assurer de la fidélité addictive des consommateurs, une rente à vie pour cette industrie, un business juteux. Les mêmes souvent qui possèdent des sociétés pharmaceutiques et qui vous vendent ensuite les médicaments pour soulager les pathologies qu'ils ont eux-mêmes contribués à créer ! Le comble du cynisme.


Intoxication aux métaux lourds : la pollution aux microparticules et aux métaux lourds est aussi fortement suspectée dans le déclenchement des maladies inflammatoires chroniques intestinales, mais il n’y a pas assez de preuves incontestables (amalgames dentaires, pollution de l’air, etc). Une étude américaine publiée dans la revue Environment Health Perspectives (13) révèle que le mercure, retrouvé notamment dans certains poissons et dans les amalgames dentaires, pourrait favoriser la survenue de maladies auto-immunes, dont les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), la polyarthrite rhumatoïde, la sclérose en plaques, le diabète insulinodépendant, ou encore le lupus érythémateux systémique.


A savoir : les métaux lourds perturbent le métabolisme enzymatique. En s’accumulant dans notre corps, les métaux lourds bloquent le travail enzymatique de l’organisme, notamment au niveau digestif. Ils empêchent les enzymes digestives de dégrader correctement les aliments (notamment les peptides du gluten) ce qui compromet leur digestion et leur assimilation et augmente la perméabilité intestinale. Ils interfèrent aussi dans l’équilibre de nos minéraux ce qui finit par altérer notre fonctionnement organique et cellulaire à des niveaux très variés (14). Le retrait des amalgames dentaires est une fausse bonne idée, car le remède est souvent pire que le mal. Cela doit être fait en connaissance de cause et chez un dentiste holistique qui sait prendre les précautions nécessaires pour réduire l’absorption des vapeurs de mercure libérées au moment du retrait de ces amalgames. J'en parle d'ailleurs dans mon article sur la bouche (partie 1).


Mauvais état dentaire et/ou métaux lourds en bouche : les maux de la bouche et leur impact sur notre santé globale ne sont pas assez mis en avant. Et pourtant ! ils jouent un rôle non négligeable dans la survenue de certaines pathologies, dont la RCH, ou tout du moins constituent une cause d'aggravation supplémentaire ou de persistance d'un état inflammatoire permanent de bas-grade dans l'organisme. En effet, n'oublions pas qu'il existe une flore buccale très importante dans notre bouche et que si cette dernière n'est pas bien entretenue, cette flore spécifique se déséquilibre. La conséquence directe de cette dysbiose dentaire avec prolifération bactérienne pathogène sera d'aller directement impacter celle de la lumière intestinale, siège de notre immunité. Des dents mal dévitalisées (15), une mauvaise hygiène dentaire, des maladies parodontales incorrectement soignées... et vous avez un cocktail parfait pour créer un déséquilibre immunitaire conséquent. A ce propos, lire les articles que j'ai écrit et concernant cet aspect en cliquant sur ces deux liens, la bouche partie 1 et la bouche partie 2. A signaler : avant toute intervention chirurgicale, un bilan bucco-dentaire est en général exigé par le chirurgien. En effet, suivant l’opération que vous devez subir (pose prothèse articulaire, une transplantation d'organes, en cas de cancer et de chimiothérapie, lors d'une radiothérapie cervico-faciale), afin d’éviter toutes complications per et post-opératoires, il est important d’avoir des dents en bonne santé et dépourvues de foyers infectieux.


3/ Interventions médicales :

Appendicectomie : la RCH est très rare chez les personnes ayant subi une appendicectomie suite à une appendicite. Elle semble jouer un rôle protecteur dans le développement de la RCH ou peut en réduire les symptômes chez les personnes déjà atteintes. Cependant, dans le cas d’une appendicectomie prophylactique, c’est l’inverse qui se produit : il y a un risque accru de développer des symptômes de RCH et d’augmenter d’environ 17 fois le risque de cancer du côlon chez ceux qui sont atteints de la RCH (5). En 2016, une équipe de chercheurs français de l’Inserm, en tentant d’évaluer l’impact de cette opération sur des souris développant spontanément cette maladie, et en associant les données des patients de deux centres hospitaliers, a eu la désagréable surprise de découvrir cet effet inattendu et potentiellement désastreux (6).

En fait, l’appendice est un organe lymphoïde, faisant partie intégrante du système immunitaire (il fonctionne comme les amygdales, on le nomme d’ailleurs « l’amygdale du ventre ») (7). Comme tout ce qui constitue notre corps, cet organe a son utilité propre, et ne sert donc pas à rien comme on le croit encore trop souvent. Il grouille de cellules et de molécules spécialisées et sert de refuge aux microbes de notre organisme, en excluant les bactéries potentiellement nuisibles. Il est une sorte de réservoir à microbes où ils peuvent se repeupler, bien à l’abri (8). Les conséquences néfastes de son ablation ne passeraient d’ailleurs inaperçues que grâce à notre mode de vie très aseptisé. Il avait certainement son utilité avant le tout-à-l’égout et lors des grandes épidémies... L’appendicite serait donc plutôt une maladie du début du XXe siècle.

Naissance par césarienne : depuis plusieurs années on observe un nombre de plus en plus fréquent de naissance par césarienne. Parfois justifiées pour raisons médicales, elles sont hélas bien plus souvent pratiquées par confort que ce soit du côté maternel ou en fonction des pratiques du médecin accoucheur. La naissance avec intervention chirurgicale s’est banalisée au fil des ans, mais les conséquences qui en découlent ont de fortes chances d’aller à l’encontre de la santé de l’enfant à naître : des études de plus en plus nombreuses autour du microbiote intestinal montrent le lien entre naissances par césarienne et apparition possible de maladies telles le diabète de type 1, l’obésité, les troubles digestifs ou certaines allergies respiratoires.

Ainsi, l’ensemble des bactéries qui peuplent la peau, la bouche, le système digestif et le système reproducteur féminin notamment, jouent un rôle prépondérant au cours d’une naissance et dans l’élaboration finale du système immunitaire du nourrisson. Au cours d’un accouchement naturel (par voie basse), le bébé, tout au long de son cheminement vers la sortie, va indirectement entrer en contact avec la flore intestinale maternelle et ingérer les bactéries qui se trouvent dans le vagin de sa mère. Dès le commencement de sa vie, ces bactéries vont forger son système immunitaire (ses propres bactéries vont ainsi venir coloniser plus facilement son système digestif, siège majeur de l’immunité et créer un terrain favorable pour la colonisation sur le long terme de tout son tube digestif, pour un effet protecteur durable).

A l’inverse, l’enfant né par césarienne n’entrera pas en contact avec cette flore maternelle protectrice et sera alors plus fragile, sensible (exposé dès sa naissance à des bactéries d’origine cutanée non adaptées au système digestif, il ne bénéficiera pas non plus d’une flore aussi diversifiée, au niveau oral et cutané, que les enfants nés naturellement). Il sera donc susceptible d’être plus facilement colonisé par des espèces pathogènes pouvant mener à certains désordres de santé comme l’asthme, les allergies et les maladies intestinales.

Des recherches et des essais randomisés ont été faits aux Etats-Unis pour savoir s’il est possible de restaurer la flore intestinale des enfants nés par césarienne. Pour ce faire, ces derniers ont donc été soumis au microbiote de leur mère de la façon suivante : les scientifiques ont introduit des bandes stériles de gaze dans le vagin de la mère 1 heure avant la césarienne et les ont mis ensuite en contact avec la bouche et la peau du bébé, juste après l’accouchement. Après comparaison avec le microbiote des bébés nés par voix basse, il en ressort qu’on peut ainsi partiellement restaurer avec succès le microbiote d’un bébé né par césarienne, par transfert de la flore vaginale de la mère à l’enfant, afin de le prémunir dans sa vie future. Le choix de l’allaitement maternel sera alors un bonus supplémentaire pour le protéger. Ces travaux de recherche doivent cependant encore être approfondis sur le long terme afin d’accumuler des comparatifs de microbiotes permettant d’exclure l’influence d’autres paramètres. Pour éviter d’éventuelles transmissions de maladies sexuellement transmissibles, cette technique (appelée vaginal seeding) ne se fait que sous contrôle médical strict. Vaccination trop précoce (dès la naissance) : elle induit également un déséquilibre durable de la flore du fait qu’un enfant à sa naissance possède un système immunitaire immature. Il lui faut plusieurs années pour le développer, ce qui est le rôle des maladies infantiles. Et même s’il peut compter sur la flore maternelle dès son arrivée au monde, les vaccinations effectuées à partir de 2 mois à peine vont entraver le développement normal de son système immunitaire, donc de son microbiote intestinal.


Prise d’antibiotiques dans l’enfance : ils induisent un déséquilibre important de la flore intestinale et peuvent devenir une cause d’apparition d’une MICI (10). Un antibiotique tue ou bloque la croissance des bactéries. Comme son étymologie l’indique : du grec anti : « contre » et bios : « la vie », c’est-à-dire qu’il détruit la vie : mauvais ou bons, tous les microbes sans distinction meurent, c’est un peu l’armée de l’air américaine qui bombarde depuis 5000 m d’altitude et qui écrase tout ce qu’il y a en-dessous sans se préoccuper le moins du monde des dommages collatéraux.


Contraception orale : plus que la pilule, ce sont les hormones contenues dans celle-ci qui augmenteraient le risque de développer une MICI. D’après des chercheurs de l’université d’Harvard aux Etats-Unis et plusieurs autres études (9), ces hormones affaibliraient l’intestin, créant ainsi un terrain favorable au développement de la maladie. Dans la mesure où la pilule du lendemain est davantage chargée en hormones, la prise répétitive de celle-ci conduirait à un risque accru. Selon les résultats des chercheurs d’Harvard, ce n’est pas en prenant la pilule contraceptive qu’une femme développera une MICI. La génétique jouerait également un grand rôle. Selon eux, ce serait la combinaison de la pilule contraceptive et de prédispositions génétiques qui conduirait au développement d’une MICI. De fait, les femmes comptant parmi les membres de leur famille des personnes atteintes de MICI seraient les plus à risques. Ces dernières doivent donc redoubler de vigilance et, si l’on en croit les résultats de l’étude, devraient s’orienter vers des moyens de contraception n’impliquant pas d’hormones.


4/ Facteurs psychologiques :


Stress, fatigue : comme dans toute maladie chronique, le stress (le mauvais stress, appelé encore distress) et une fatigue intense sont des facteurs aggravants, voire déclenchants. Ils influencent l’importance des symptômes et vont très vite avoir un impact négatif sur l’équilibre de la flore intestinale déjà fragile des personnes souffrant de MICI. Elles subiront tôt ou tard, selon la nature du stress et de l’état de leur terrain à ce moment-là, les désordres digestifs d’une dysbiose qui s’installe et l’escalade qui en découle, à savoir la perte d’intégrité de la muqueuse intestinale laquelle entraîne un dérèglement du système immunitaire, des réactions allergiques en chaîne et aboutit à l’inflammation généralisée des intestins.

L'aspect psychosomatique : dernier point et pas des moindres : le pouvoir du mental ! Dans son livre La maladie a-t-elle un sens ? Thierry Janssen se livre à une réflexion et une analyse passionnantes en comparant les théories modernes de la médecine psychosomatique (qui lie nos émotions à notre santé physique) et les croyances de peuples traditionnels, ce qui lui permet de donner un éclairage nouveau sur le sens de nos maux. Ainsi, la dimension psychosomatique de la maladie sous-tend que des facteurs psychologiques peuvent prédisposer aux maladies. Citons par exemple le « distress » (études faites par Hans Selye, père « historique » du stress), mais aussi les travaux sur la psychosomatique du professeur Henri Laborit et de tant d’autres précurseurs (Dr Hamer, Dr Sabbah, Gérard Athias, Marc Fréchet, Guy Corneau...) qui ont mis en lumière les conséquences de ruptures relationnelles (famille, travail, société), de chocs psychologiques, de perturbations émotionnelles (deuil, divorce, abandon, violences...), autant de conflits psychiques pouvant, selon le terrain de la personne, et à la faveur d’éléments déclencheurs, parfois plusieurs années après, favoriser l’apparition d’une maladie. Tous ces éléments peuvent constituer de vraies bombes à retardement.


> En détaillant cette suite de causes possibles dans la survenue d'une RCH (et qui sont souvent les mêmes pour d'autres pathologies, selon les prédispositions de chacun), le but était de vous faire faire un tour d'horizon complet du problème afin que vous compreniez mieux toute l'importance et l'impact de vos actes, de votre environnement et de votre alimentation sur votre bien-être au quotidien. Je souhaite que cette prise de conscience vous redonne la force nécessaire de vous impliquer davantage dans la l'amélioration de votre hygiène de vie et de votre santé globale. A vous de jouer !


Sylvie Boizet - Naturopathe

(2) Physiopathologie des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) Hegel Vol . 6 N°2 – 2016

(4) Batisda G, Beltran B. Ulcerative colitis in smokers, non-smokers and ex-smokers. World J Gastroenterol 2011.

(6) Responsables des travaux : Eric Ogier-Denis et Xavier Tréton : Unité 1149 Inserm/CNRS/université Paris Diderot - Labex Inflamex, Facultéde médecine Xavier Bichat, Paris

(7) Changez d’alimentation, Pr Henri Joyeux, 7e édition – Editions du Rocher, 2013. (8) Nos amies les bactéries, Alanna Collen - Editions JC Lattès, 2015.

(9) 1. Oral contraceptives, reproductive factors and risk of inflammatory bowel disease Gut, 2012. 2. Increased risk of inflammatory bowel disease associated with oral contraceptive use. Gut. 2012. 3. The risk of oral contraceptives in the etiology of inflammatory bowel disease : a meta-analysis. Am J Gastroenterol. 2008.

(10) Hviid À, Svanström H, Frisch M. Antibiotic use and inflammatory bowel diseases in childhood. Gut 2011 Jan;60(1):49-54.

(11) Hugot JP, Alberti C, Berrebi D, Bingen E, Cézard JP. Crohn’s disease : the cold chain hypothesis. Lancet 2003 Dec 13;362(9400): 2012-5 (12) Association française de formation médicale continue en Hépato-Gastro-Entérologie : article « Physiopathologie de la maladie de Crohn : l’indispensable pour le clinicien » de Jean-Pierre Hugo et Jérôme Viala (2015) - NB : Quand ils parlent de maladie de Crohn, ils incluent la RCH. L’article parle des MICI en général. (13) Emily C. Somers, Martha À. Ganser, Jeffrey S. Warren, Niladri Basu, Lu Wang, Suzanna M. Zick, and Sung Kyun Park. Published :10 February 2015

(14) Etudes du Pr Boyd E. Haley, biochimiste et toxicologue américain, des épidémiologistes Jean-Jacques Melet et Marie Grosman et des Pr Maurice Rabache et André Picot du CNRS en France.

(15) Les dents dévitalisées peuvent quelquefois poser problème, d'où l'importance d'une dévitalisation faite dans les règles de l'art, et l'intérêt de conserver le plus longtemps possible nos dents saines et vivantes par un entretien rigoureux et une surveillance régulière chez le dentiste (détartrage, contrôle deux fois par an, veiller à avoir un bon statut général en minéraux et vitamines pour éviter une trop forte déminéralisation...). Sans rentrer dans des détails techniques complexes, il faut juste savoir que le canal dentaire contient de nombreux canaux accessoires et ces derniers peuvent constituer des réservoirs à bactéries et même de toxines sécrétées par celles-ci qui restent emprisonnées dans ces canaux. Ces agents pathogènes s'échappent ainsi dans la circulation sanguine et vont se fixer sur certains organes. Votre système immunitaire sera alors en alerte permanente et provoquera une inflammation chronique, car il est très difficile pour nos cellules de défense ou une substance médicamenteuse d'aller sur le site d'une dent dévitalisée puisqu'elle ne possède plus de vaisseaux sanguins.


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