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Photo du rédacteurSylvie Boizet - Naturopathe à Nice

APICULTURE : GELÉE ROYALE ET CIE / COUP DE GUEULE !

Dernière mise à jour : 10 nov. 2021



FLORILÈGE DES PRATIQUES DOUTEUSES DE L'APICULTURE :

Pesticides et engrais chimiques : Les produits de la ruche sont à juste titre très bénéfiques à notre santé (miel, pollen, propolis...), mais à condition d’en respecter les principales pourvoyeuses, les abeilles, ces merveilleuses et inlassables ouvrières mises bien à mal ces dernières décennies par l’utilisation massive de pesticides et autres engrais chimiques dévastateurs (glyphosates, comme le Roundup). L’Union européenne continue d’autoriser des produits comme les néonicotinoïdes (7000 fois plus toxiques que le DDT interdit il y a 50 ans !) (1) qui détruisent leur habitat et déciment des colonies entières d’année en année, ainsi que toute la biodiversité de la planète, souvent face à l’indifférence générale.


Nourrissage des abeilles avec des sirops de sucre industriels :


Mais ce que l’on sait moins et que même la majorité des apiculteurs évite d’ébruiter, c’est que si les pesticides sont des coupables idéaux tout trouvés, ces bombes à retardement masquent aussi une triste réalité moins glorieuse, des pratiques d’apiculture contre nature qui se rajoutent au problème : le nourrissage des abeilles avec des sirops de sucre industriels (sucre de betterave, de pomme de terre, de maïs ou de canne à la place du miel). Il s’avère en effet que la toxicité des sucres issus de l’hydrolyse du maïs a été mise en évidence dès 2009… Et, à une certaine température, ils pourraient participer à empoisonner les colonies ! Je vous dépose ici un lien vers un article du blog « Jardin vivant » et qui éclaire sur ces pratiques fort peu éthiques, avec des renvois vers des études précises (2).


Production d'amandes et sur-mortalité des abeilles : Autre pratique et consommation qui entraînent un impact environnemental négatif et une sur-mortalité des abeilles : la production d'amandes (4 % des amandes sont produites en France, mais le principal de notre consommation provient de Californie où l'on pratique une agriculture intensive non respectueuse des lois de la nature). Il y a un tel engouement pour le lait d'amande (conséquence de la baisse de consommation du lait de vache) que la production ne cesse d'augmenter.

Quel lien avec les abeilles ? Elles assurent la pollinisation croisée des amandiers au tout début du printemps (3) et pour aller vite, des ruches entières sont déplacées sur les lieux de culture, en décalage avec le rythme naturel des saisons, forçant les abeilles à travailler deux mois plus tôt, pendant leur cycle d'hibernation. Les conditions de travail des ouvrières sont difficiles (elles travaillent au milieu des pesticides, font des trajets aller-retours rapides sur des milliers de kilomètres, ne disposent parfois pas de champs alentour pour assurer une biodiversité suffisante et la concentration de ruches est telle que les abeilles sont exposées aux maladies plus facilement). En Californie, à l'hiver 2019, 50 milliards d'abeilles sont mortes. En quelques années, leur mortalité est passée de 5 % à 35-50 % ! Une exploitation intensive qui dépasse l'entendement. Témoignage d'un apiculteur du Montana (4), Jim Rodenberg : "Aujourd’hui, entre l'exposition aux pesticides et aux fongicides, et la mite Varroa qui est très agressive, les reines, qui vivaient autrefois entre quatre et cinq ans, ne durent plus aussi longtemps, se désole-t-il. Je suis maintenant obligé de les remplacer presque chaque année." (...) "Le fait de concentrer la quasi-totalité des abeilles du pays chaque année dans la vallée centrale favorise forcément la propagation de maladies et de parasites".

> Pour aller plus loin et avoir davantage de précisions, voici deux articles qui vous informent sur ce fléau : - "Le lait d'amande : jeu de massacre pour les abeilles" : France-Soir (26 février 2020)

- "L'engouement pour le lait d'amande entraîne une hécatombe d'abeilles" : Slate (10 janvier 2020)


Gelée royale, une pratique très discutable : Mon autre coup de gueule du jour concerne la production de gelée royale, un produit de luxe (vous allez comprendre pourquoi) sensé vous apporter longévité, immunité et énergie. Nous le savons peu, et je l’ai moi-même appris assez récemment, cette production représente un vrai massacre dans le monde de la ruche. Je ne suis pas vegan et je ne partage pas cette approche qui refuse toute consommation de produits animaux dont les oeufs et le miel, mais dans le cas de la gelée royale, il y a une manière de procéder qui porte vraiment atteinte au respect de la vie animale et donne le tournis. Et ce n’est pas parce que ce ne sont que des larves et qu’on ne fait que leurrer des colonies entières d’abeilles ouvrières que ces pratiques sont excusables. Je les dénonce donc ici avec vigueur. Il y a des vérités qui ne plaisent pas, mais sont bonnes à entendre. De plus en plus d’apiculteurs s’engagent et cherchent à produire de manière plus respectueuse, mais le chemin est encore long pour que cesse cette production industrielle. C’est donc aussi le rôle du consommateur de savoir reconnaître un bon produit pour que la qualité et les pratiques évoluent de manière positive. Toujours savoir d’où vient un produit et comment il est élaboré est une bonne base. Par exemple, attention au miel de supermarché (5) estampillé hors CEE ou sans l’appellation « non chauffé » (le miel ne doit jamais être chauffé à plus de 40°, sinon il perd toutes ses propriétés). Achetez de préférence des miels locaux, de terroirs et bios, garants d’une meilleure traçabilité et d’une qualité plus élevée (n’hésitez pas à poser des questions à votre apiculteur lorsque cela est possible).

Ainsi, dans le cas de la gelée royale, je vous la fais courte, il s’agit de forcer une ruche à produire des reines que l’on tue ensuite pour pouvoir récupérer une demi-pointe d’aiguille de gelée royale par larve de future reine. Ainsi, 1 gr de gelée royale collectée représente un vrai massacre ! (6) Explications du mode de production ici. Une aberration très bien expliquée par une apicultrice des montagnes ariégeoises qui a choisi de ne pas en produire ni d'en consommer. Elle vous décrit pourquoi ce mode de production n’est pas naturel, en quoi cela stresse les abeilles (7) et vous donne aussi les conseils de prudence nécessaires, car la consommation de gelée royale n’est pas anodine et possède des contre-indications (surtout en cas de cancer hormono-dépendant (8). Je ne cesse de le répéter, ce n’est pas parce que c’est naturel que c’est doux et sans danger !


Autre témoignage, celui de Catherine Ballot-Flurin, pionnière de l'apiculture biologique et de l'apiculture douce®, qui propose des produits de la ruche totalement naturels, récoltés dans le respect des abeilles : " La gelée royale est un produit fabuleux. Donnée les premiers jours de vie aux abeilles, c'est la nourriture exclusive de la reine qui vit 30 fois plus longtemps que les ouvrières ! Cette substance stimule le système endocrinien et notamment féminin. Elle joue un rôle dans la fécondité, la puberté, l'allaitement... et régule la ménopause. On peut la consommer fraîche ou sous forme d'élixir. Je tiens cependant à alerter les consommateurs : 90 % de la gelée royale que l’on trouve dans le commerce vient de Chine ou d'élevage industriel. Elle est souvent congelée (même lorsqu'elle est estampillée bio) et la plupart du temps suppose de tuer la reine pour la récolter. Il est évident qu'une gelée royale récoltée, transportée, conditionnée dans de mauvaises conditions n'apportera pas à l'organisme toutes les vertus citées. Il faut absolument privilégier le label "no kill" ou à défaut acheter la formulation homéopathique.


Alors ne soyez pas dupes. Il y a bien d'autres moyens de retrouver l'énergie et la vitalité, laissez la gelée royale aux abeilles reines et consommez le miel avec modération en le considérant pour ce qu’il est : un nectar rare et précieux élaboré grâce au travail minutieux des abeilles butinant de fleur en fleur et le savoir-faire d'apiculteurs passionnés. Dégustez-le en ayant conscience de toutes les étapes extraordinaires de sa création. Il fera merveille dans une tisane ou pour rehausser la saveur de certains fruits, sans parler de ses qualités anti-infectieuses et cicatrisantes.


Sylvie Boizet - Naturopathe


SOURCES :

(3) L’amandier (selon la variété) fleurit à partir de la fin de l’hiver jusqu’au début du printemps (février aux Etats-Unis). La durée de la floraison dépend largement des conditions météorologiques et peut durer entre 4 et 30 jours ou plus (la floraison moyenne dure 25 jours). (4) https://www.la-croix.com/Sciences-et-ethique/Sciences-et-ethique/En-Californie-grande-migration-abeilles-2019-04-30-1201018748

(8) Elle contient des hormones (testostérone, œstradiol et progestérone) qui ont un retentissement sur certains cancers hormono-dépendants (cancers du sein, de l’utérus, de la prostate, des ovaires, etc). De plus, la gelée royale contient des facteurs de croissance (lipoprotéines) qui peuvent favoriser le développement déjà anarchique des cellules tumorales (notamment dans le cadre du cancer du sein). Intéressante en prévention uniquement. Mais il existe bien d'autres remèdes efficaces sans avoir besoin de recourir à la gelée royale qui reste d'un coût très élevée, peu abordable pour la majorité des bourses.


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